Résumé de la pièce
Une cité: prenez 4 fachos, un frigo, une jeune fille juive plutôt pulpeuse, deux frangins plutôt arabes, un animateur de quartier pitoyable, sa future mariée, un pompier noir, une assistante sociale, une naïve sentimentale, un vrai faux prêcheur de l’Islam, et s’offrira à vous une grande histoire d’amour sur un petit fond de haine!
Y a-t-il un facho dans le frigo?, la première pièce de Laurent Savard, écrite avec la collaboration de Saïd Serrari et de Jean-Rachid (actuel producteur de Grand Corps Malade), fut donc produite au et par le Splendid. Pièce qui fut prolongée et attira plus de 10000 spectateurs.
Un an plus tard, Marylou qui jouait dans la pièce, tombait enceinte d’un certain Gabin.
L’important, c’est l’endroit où c’qu’elle tombe
Comment traiter l’épineux problème de la cohabitation entre « Français de souche »‘ et « Français venus d’ailleurs »? La plupart du temps, en adoptant un ton sérieux et compassé. La troupe du Splendid, elle, fidèle à une vision iconoclaste des phénomènes sociaux contemporains, a pris le parti du rire. Le titre est à lui seul révélateur des intentions de l’irrespectueux auteur. Sur l’affiche, un réfrigérateur trône, à moitié ouvert par une petite fille à l’air coquin. Le rideau s’ouvre sur le décor de deux appartements voisins dans une quelconque mais très vraisemblable banlieue ouvrière.
Dans le premier appartement, quatre hommes: quatre fachos réunis par la même haine de ceux qu’ils pensent différents d’eux: les arabes, les noirs, les juifs, les cocos, les francs maçons… Au mur, une affiche dérisoire du Maréchal Pétain.
Ces messieurs ont des projets: faire sauter une bombe bricolée à partir d’une boîte du « petit chimiste ». Et comme dans la chanson de Boris Vian, l’important pour une telle bombe c’est « l’endroit où c’qu’elle tombe ».
Justement, dans l’appartement à côté demeurent des indésirables: deux frères beurs et leur (fausse) sœur… juive. Il se trouve que ces voisins doivent accueillir la fête de mariage d’un de leurs amis, un minable animateur de quartier qui s’apprête à convoler en justes noces avec une Marie-Chantal des quartiers chics. L’endroit et le lieu pour faire sauter la bombe sont alors tout trouvés. C’est toutefois un peu vite oublier que l’amour peut s’en mêler et jouer les trouble-fête dans cette histoire de la haine ordinaire.
Une histoire d’amour, donc, mise au service de la dénonciation de toutes les absurdités qui parsèment notre vie: intolérances religieuses, raciales, sexuelles, mesquineries, mais aussi attitude parasite des abonnés aux services sociaux et aux subventions gouvernementales… Le metteur en scène, Laurent Savard, qui joue également dans la pièce, renvoie tout le monde dos à dos. Le rythme est endiablé et la troupe de jeunes acteurs s’en donnent à coeur joie. Ils transmettent au public la jubilation qui est la leur. Le spectateur ne s’ennuie pas un instant pendant l’heure et demie que dure la représentation. Le rire fuse à chaque répartie croustillante et devant les situations burlesques.
Diane Valembois (Théatre On Line)